Après deux années sans cap stratégique clair au niveau national – la filière hydrogène retrouve aujourd’hui un nouvel élan. La révision de la Stratégie Nationale Hydrogène (SNH) en avril 2025 marque le rebond tant attendu, et redonne à l’écosystème les perspectives nécessaires pour se structurer durablement. Les effets sont déjà visibles en Occitanie, territoire pionnier de la transition énergétique, où les projets se relancent avec force autour d’une ambition industrielle, environnementale et stratégique renouvelée.
Une stratégie nationale révisée et ambitieuse
Lancée en 2020, la SNH a été renforcée en 2023 puis actualisée en 2025, afin de tenir compte de l’accélération des besoins en décarbonation et en souveraineté énergétique.
Les grandes lignes de la SNH révisée :
- Objectif 2030 abaissé à 4,5 GW d’électrolyse installée, soit environ 520 kt d’hydrogène décarboné produit par an.
- Nouvel objectif 2035 de 8 GW d’électrolyse, pour produire 1,2 millions de tonnes d’hydrogène/an
- Enveloppe budgétaire de 9 milliards d’euros maintenue et répartie entre la production, les usages industriels, la mobilité, la formation, la recherche, l’export et l’innovation.
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Des projets concrets en Occitanie soutenus par la SNH
L’Occitanie s’est imposée comme l’un des moteurs de la filière hydrogène en France, grâce à son tissu industriel dense et à l’implication de ses acteurs publics et privés. Voici les principaux projets déjà soutenus dans le cadre le SNH en Occitanie :
Production H2 et dérivés
- À Blagnac, l’écosystème HyPort structuré autour de l’aéroport, et la chaîne logistique du site Hyd’Occ à Port-la-Nouvelle, font partie des lauréats de l’appel à projets Écosystèmes H₂ de l’ADEME.
- Deux projets d’envergure pour la production de Carburants d’Aviation Durables ont candidaté à l’AAP FEED Carb Aero : HyLann (porté par Qair et DH2) et Occi’Jet (MGH Energy).
- Les sites industriels ArcelorMittal (Saint-Chély-d’Apcher) et BASF (Boussens) pourront se positionner pour bénéficier du Mécanisme de Soutien à la Production, visant à décarboner leur consommation d’hydrogène.
Industrie Manufacturière
- Genvia (Béziers), Alstom (Tarbes), Airbus et Skeleton Technologies (Toulouse) figurent parmi les projets notifiés en tant que PIIEC (Projets Importants d’Intérêt Commun Européen), avec pour objectif l’industrialisation d’équipements hydrogène stratégiques (électrolyseurs, trains, avions, supercondensateurs).
- Hycco et Bulane sont quant à eux lauréats de l’appel à projets Première Usine, les soutenant dans leur montée en puissance industrielle.
R&D et formations
- Trois projets ont été retenus dans l’appel à projets “Briques technologiques et démonstrateurs H₂” :
- La nouvelle génération de bus Safra (Albi)
- Le projet Reversi porté par Genvia (Béziers)
- Le système innovant ECH₂ développé par Vitesco (Toulouse)
- Le programme GenHyO – Génération Hydrogène Occitanie est aujourd’hui le plus ambitieux projet de formation en France dans le cadre de l’AMI Compétences et Métiers d’Avenir.
- Enfin, les laboratoires ICGM, LAPLACE, CIRIMAT, IEM, IMFT, LGC et TBS sont au cœur de la dynamique scientifique, impliqués dans 16 des 21 projets de R&D financés par le PEPR-H₂.
L’hydrogène, un investissement stratégique incontournable
Il est essentiel de rappeler que l’hydrogène ne constitue pas une charge budgétaire, mais un investissement stratégique à long terme. Dans tous les scénarios de neutralité carbone sérieux – qu’ils émanent de l’Agence Internationale de l’Énergie, du GIEC ou de RTE – l’hydrogène joue un rôle central. Il permet de décarboner les secteurs industriels les plus difficiles à électrifier (sidérurgie, chimie, transports lourds) et constitue un levier décisif pour sécuriser notre souveraineté énergétique.
Sur le plan économique, l’hydrogène participe également à la réduction du déficit de la balance commerciale française à hauteur de 8 %, en diminuant notamment notre dépendance aux importations d’énergie fossile et de produits industriels à forte intensité carbone. Il génère aussi un effet de levier fiscal majeur : selon les projections, chaque euro investi dans la filière engendrerait quatre euros de recettes fiscales à l’horizon 2035.
Chiffres clés à horizon 2035
Issus de l’étude « Impact socio-économique de la filière hydrogène » de BDO pour France Hydrogène, décembre 2024
- 13 milliards d’euros de PIB générés (dont 940 M€ en Occitanie)
- 66 000 emplois créés ou maintenus (dont 9 100 équivalents temps plein en Occitanue, correspondant à une multiplication par cinq par rapport à 2023)
- Réduction du déficit commercial de 6 milliards d’euros
- Contribution à hauteur de 7% de l’effort de réindustrialisation de la France
- 36 milliards d’euros de recettes fiscales (impôts, taxes, cotisations sociales, …)
- Relocalisation d’activités stratégiques (engrais, acier, méthanol…)
Ces résultats confirment que le soutien public apporté à la filière hydrogène n’est pas seulement motivé par des objectifs climatiques ou industriels, mais aussi par une logique économique de rentabilité collective. La France et ses régions, comme l’Occitanie, ont tout à gagner à poursuivre et amplifier cet effort. Dans un monde qui bascule vers une économie décarbonée, l’hydrogène ne peut être vu comme un luxe : c’est un pilier incontournable de la transition et de la compétitivité future.