Pépinières : comment la PEPINIERE CAUSSAT réinvente l’avenir végétal en Occitanie

Face à l’urgence climatique, la végétalisation des espaces urbains s’impose comme un levier essentiel. Pourtant, la filière française de la pépinière traverse depuis plusieurs décennies une crise structurelle profonde, marquée par la disparition de plus de la moitié des exploitations. Ce paradoxe est frappant : alors que la demande d’arbres augmente fortement, l’offre peine à suivre.

En Occitanie, un acteur historique se démarque : la PEPINIERE CAUSSAT, la dernière grande pépinière régionale s’étendant sur plus de 100 hectares. Située au nord de l’agglomération toulousaine, cette entreprise centenaire produit et commercialise des arbres d’ornement et d’alignement, âgés de 4 à plus de 20 ans.

À sa tête, Eric Caussat, Directeur de la pépinière, un dirigeant passionné et engagé pour l’avenir de la filière. En 2022, constatant la faiblesse des stocks européens et la forte concurrence des importations, il se lance le défi de relancer la production locale d’arbres en innovant dans ses pratiques.

Le projet PEPI d’OC : Processus de culture innovant de multiplication et production d’arbres locaux via un partenariat innovant Pépinières-agriculteurs

PEPI d’OC est un projet collaboratif ambitieux, prévu sur une durée de 4 ans. Porté par la PEPINIERE CAUSSAT et un laboratoire privé implanté dans l’Hérault, il avait pour objectif de définir un processus de culture basé sur la multiplication in vitro d’espèces d’arbres endémiques. L’ambition à terme était de créer des pépinières locales en partenariat avec les agriculteurs du territoire.

L’objectif : produire des arbres issus de souches locales, mieux adaptés aux conditions pédoclimatiques de la région, et destinés au marché régional.

Dans le cadre de ce projet collaboratif, l’agence AD’OCC est intervenue sur différents aspects du dossier :

  • Structuration de projet,
  • Recherche de compétences,
  • Mises en relation,
  • Identification de financements.

Les deux partenaires ont obtenu un financement dans le cadre du dispositif READYNOV.

Cependant, dès 2023, fragilisé financièrement, le laboratoire privé n’a pas réussi à lever certains verrous technologiques majeurs dans le cadre du projet.

« Nous avons été confrontés aux aléas du vivant et à la réalité des cycles longs. Les premiers résultats n’ont pas été à la hauteur de nos attentes et ont eu un impact sur le calendrier initial envisagé », explique Eric Caussat.

Face à ces difficultés, le dirigeant engage rapidement une réflexion sur les suites possibles pour répondre à son objectif initial tout en valorisant le retour d’expérience de ce premier projet.

« Mon objectif était de préserver les savoir-faire développés, malgré les échecs, pour repartir sur des bases solides avec des partenaires plus expérimentés. C’est ainsi qu’est né ARBEAU d’OCC, un projet plus ambitieux, porté par une nouvelle dynamique. »

Le projet ARBEAU d’OCC : Développement d’une filière innovante et durable d’arbres

Face aux effets du changement climatique, certaines variétés de plantes endémiques — aujourd’hui privilégiées par les producteurs de jeunes plants — sont menacées de disparition dans les prochaines décennies. Pour assurer la pérennité de la filière pépinière, tant à l’échelle régionale que nationale, il devient indispensable de faire évoluer la palette végétale vers des essences plus résilientes.

C’est précisément l’ambition portée par un consortium d’experts régionaux associant deux entreprises (PEPINIERE CAUSSAT et CLER VERTS), un laboratoire de recherche académique (LRSV) et une entreprise prestataire (ASCLEPIOS TECH).

Le projet ARBEAU D’OCC s’appuie sur une forte synergie entre les partenaires pour :

  • Identifier et multiplier les espèces végétales les plus adaptées,
  • Tester et renforcer leur résilience,
  • Améliorer les pratiques de plantation,
  • Structurer une filière durable et innovante.

Le challenge que s’est fixé le consortium est d’arriver à produire durablement une nouvelle gamme de plantes adaptées aux conditions climatiques futures – moins gourmandes en eau, plus résistantes à la sécheresse et aux températures élevées.

L’amélioration des pratiques de plantation, notamment grâce à l’utilisation de substrats spécifiques comme le biochar, ouvre des perspectives prometteuses pour réduire les besoins en irrigation et renforcer le développement racinaire.

Par ailleurs, les centres de recherche régionaux disposent d’outils de pointe permettant d’évaluer la résistance des jeunes plants à la fois en conditions contrôlées (chambres de culture, serres automatisées) et en conditions réelles, sur le terrain.

Enfin, combinées à une technologie de photobiologie (traitement lumineux permettant d’améliorer la santé des plantes, leur résistance et leur développement racinaire), l’objectif de ces expérimentations est de créer des essences plus résistantes.

« En nous appuyant sur des technologies de rupture, notamment les nouvelles méthodes de cultures in vitro, nous sommes en mesure de multiplier des espèces résistantes tout en garantissant leur qualité, leur pureté et leur traçabilité. Cela, sans compromettre la diversité génétique. »

Depuis 2024, les équipes d’AD’OCC accompagnent le consortium avec un suivi personnalisé : compréhension fine des enjeux, définition des besoins, mises en relation, identification du financement adapté et appui dans le montage du dossier. Cet accompagnement a contribué au dépôt d’une demande de financement dans le cadre du dispositif I-DEMO régionalisé.

« Sans l’aide des chargées de mission d’AD’OCC, nous n’aurions pas pu finaliser ce projet dans les délais. Leur expertise et leurs conseils constants depuis notre rencontre en 2022 m’ont permis de rester concentré sur mon cœur de métier, tout en bâtissant un projet à la hauteur des enjeux climatiques et agricoles actuels. », conclut Eric Caussat.